Les milieux de vie - table ronde au Conseil National à Nîmes le 12 mars — Action catholique des milieux indépendants (ACI)

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Les milieux de vie - table ronde au Conseil National à Nîmes le 12 mars

Nathalie Verhulst introduit la table ronde dans le cadre du projet de l'ACI "Enjeux et défis 2020-2024", pour nous aider à réfléchir sur la notion de milieu de vie. Urbaniste et sociologue, Sophie Rouay Lambert resitue dans une perspective historique les classes sociales et la notion de milieu de vie, et par un focus sur les institutions elle nous invite à penser l'ACI, son rôle, sa mission et ses moyens, ainsi que son évolution dans un monde en crise (changeant). Retour sur la table ronde et les propos de l'intervenante.

Pourquoi un temps au conseil national sur les milieux de vie ?

Nous avons inscrit dans notre projet « enjeux et défis  - 2020 – 2024 », un chapitre sur l’identité de l’ACI. Cette décision, prise ensemble au conseil national d’Angers en 2020, tient en trois points :

  • L’interrogation sur le sigle ACI vient de la perte de sens de ce qu’est l’ACI, sa démarche et sa pédagogie : Regarder Discerner Transformer, pour mener une mission d’évangélisation de notre milieu de vie. L’identité du mouvement est liée à notre façon de faire Eglise et de faire Société, c’est le socle sur lequel nous devons revenir pour progresser dans la manière d’entrer en contact avec des personnes extérieures au mouvement : être attentif à ce qui se vit dans nos milieux, donner la parole aux personnes et entrer en dialogue avec elles pour qu’elles puissent relire leur vie et expliciter le sens qu’elles lui donnent, témoigner de ce qui fonde notre façon d’être au monde. Ce premier point est travaillé à travers notre réflexion sur l’apostolicité et concrètement aujourd’hui à 16h30, à travers la séquence de travail : « Être apôtres aujourd’hui ».
  • Nous gardons l’acronyme ACI (qui n’était pas remis en cause), ainsi que les mots liés aux trois lettres : Action, Catholique, Indépendants.
  • Nous retravaillons la signature qui accompagne le logo pour retenir des mots, des notions qui définissent notre mission auprès des milieux indépendants. Cette séquence de travail est une étape pour définir cette signature.

Si  la question « que sont les milieux indépendants ?» se pose  avec acuité aujourd’hui c’est en partie parce que la société française s’est profondément transformée : passant d’une économie de production à une économie centrée sur la consommation, le tourisme et les loisirs ; dans un monde qui s’est lui-même profondément transformé : bilatéralisme puis multilatéralisme, indépendance des ex-colonies, construction européenne, migrations extra-européennes, montée des extrémismes, pandémies, risques climatiques. Cette transformation a un impact sur les catégories sociales : pour le dire avec Jérôme Fourquet : Votre identité, votre position dans la société, n’est plus principalement déterminée par le métier que vous exercez, mais par votre niveau de consommation ».

Si les catégories sociales ont évolué, elles n’ont pas disparu : Sur le plan des revenus et des activités : les ouvriers représentent 25% des salariés et les employés 30%. Ces deux catégories composent les classes ou milieux populaires qui regroupent 55% des salariés. Ils gagnent moins que 110% à 130% du SMIC. Ils sont invisibles au sein de la société et moins présents dans le tissu associatif.  Le milieu rural représente 20% de la population, on y retrouve les milieux indépendants et les milieux ouvriers et des réalités rurales spécifiques.

Les personnes vers lesquelles l’ACI est envoyée sont les catégories qui ne font pas partie des milieux populaires.

Au-delà de l’aisance financière, qui n’est pas forcément une réalité pour toute personne de milieu indépendant, d’autres pratiques, valeurs, sont la marque du milieu : l’implantation sur le territoire avec le choix du lieu d’habitation, en lien avec la carte scolaire ; les modes de consommation également : souvent, le choix de consommation écologique signe l’appartenance à un milieu aisé.

Il y a trois semaines, j’ai fait un cauchemar : un groupe de personnes faisait irruption dans mon appartement pour comprendre à travers l’habitat ce que sont les milieux indépendants. J’étais assez anxieuse, mon appartement étant bien meublé, avec de jolis tableaux aux murs. Et je me disais : « comprendront-ils que c’est un héritage ? ». Patrimoine et transmission : deux caractéristiques aussi de nos milieux.

Autre caractéristique du milieu : les modes d’expression et de revendication : les gilets jaunes font majoritairement partie des milieux populaires alors les pétitionnaires demandant la sortie des lycées Henri IV et Louis Le Grand de la carte scolaire, sont en très grande majorité membres de classes favorisées.

Niveau de consommation, aisance financière, patrimoine, accès à la culture et à l’éducation, relation au territoire, valeurs, modes de revendication, plusieurs notions semblent identifier prioritairement nos milieux de vie.  

Notre mission d’évangélisation, à travers le « regarder, transformer, discerner »,  nous invite, nous et notre milieu à identifier notre responsabilité et à nous engager dans la construction d’un monde plus humain. Responsabilité et Engagement pourraient expliciter notre démarche. D’autres termes peuvent être aussi retenus.

Se poser la question du milieu contribue au « regarder » de notre démarche et nous permet, à la lumière de la parole de Dieu, d’approfondir le « transformer ».

S’interroger sur notre milieu de vie, doit nous renvoyer aussi à nous donner des objectifs de fondation : rejoindre des chefs d’entreprises, des professions libérales, des cadres supérieurs pour assumer notre mission et évangéliser nos milieux de vie.

Je vais maintenant laisser la parole à Sophie Rouay-Lambert, sociologue, qui  a travaillé auprès de  plusieurs milieux autour du rapport à l’espace, des modes de survie,  des classes moyennes fragile, l’appartenance et les tiers lieux.

Elle nous proposera sa lecture, des milieux, des territoires, de l’évolution de la société. Des pistes de réponse à la globalisation et à la perte de repères.

Intervention

Les milieux de vie? de Sophie Rouay Lambert (cliquez sur le titre pour accéder à l'intervention)