Séquence Synodalité au Conseil National le 12 mars 2022 à Nîmes
Pour préparer cette intervention, nous avons relu toutes les contributions synodales qui nous sont parvenues avant le 9 mars ainsi que 5 compte rendu de réunion d’équipe qui ont travaillé sur le rapport SAUVE. (CIASE)
Ces apports traduisent à la fois des attentes de catholiques souvent engagés dans les paroisses mais aussi les aspirations spécifiques des membres de l’ACI. Les phrases caractéristiques ont été regroupées sous trois pôles Compagnons de Voyage, Célébrer, Autorité et participation.
I LES COMPAGNONS DE VOYAGE : Diversité et communion
La communauté paroissiale
« L’Eglise est diverse. « Si nous voulons cheminer ensemble, l’écoute et le respect de la différence sont indispensables, de la part de l’Eglise dite « identitaire » et de celle dite « progressiste », ainsi que toutes les autres sensibilités. ».
Nos équipiers en ACI
« Nous faisons partie d’une équipe d’ACI où règne un bel esprit de fraternité avec une qualité d’écoute que nous apprécions énormément. C’est pour certains le seul lieu d’Eglise car ils ne se retrouvent plus dans les sensibilités paroissiales actuelles. »
« Nous vivons la communion au sein même de notre équipe malgré la diversité d’opinions et de situations familiales : concernant l’évolution de la famille, nous avons des opinions très différentes : de manifestante de la « manif pour tous » à favorable à la loi dite du « mariage pour tous. Nous avons découvert, que nous vivions toutes les situations familiales : mariés, célibataires, divorcés, ayant des enfants ou non, adoptés ou non. »
Pour autant la communion ne va pas toujours de soi tout n’est pas parfait car « certains ne sont pas senti accueillis , et d’autres vivent mal l’arrêt de co-équipiers qui ne se retrouvaient plus dans l’équipe. »
« Nous rêvons d’une Eglise où la diversité des sensibilités soit accueillie et où le pasteur, signe de la communion, garantisse l’accueil de cette diversité et aide chaque sensibilité à accueillir les autres, nous aide à refuser l’entre-soi. » Notons cette formulation qui n’est ni revendicative ni accusatrice : nous rêvons…
Les Jeunes
Nos jeunes qui sont baptisés et qui font donc partie de cette Eglise aux multiples visages ont pris leur distance et cela nous fait mal. Ils sont à la recherche de joie, de simplicité, de lien avec leur vie.
Avec l’éloignement des jeunes , « La diversité s’appauvrit dans notre communauté. « Comment je peux essayer de la faire revivre à titre de membre de la communauté, alors que je ne rencontre plus de jeunes ? Comment peut-on se retrouver ? »
II CELEBRER : Une liturgie plus accessible à tous
« Nous rêvons d’une Eglise capable de s’adresser « à hauteur d’hommes », aux femmes et aux hommes d’aujourd’hui et en particulier aux jeunes avec un langage simple qui renvoie à la vie de tous les jours ».
Cette question du recours à un langage abordable est récurrente : « l’expression de synode sur la synodalité est-elle compréhensible par tous ? Un lecteur de la Croix avait écrit qu’il s’agissait en fait de réfléchir à l’avenir de l’Eglise. Une équipe évoque même à titre d’exemple le terme de propitiation. Que j’ignorais jusqu’à ce jour !
DIALOGUER DANS L’EGLISE ET DANS LA SOCIETE : des lieux de parole à créer.
Constatant que :
« Ce n’est pas pendant les célébrations qu’on peut prendre la parole
« On ne sent pas une volonté d’entrer en dialogue, d’écouter en dehors de structures trop fermées et ecclésio-centrées au sein desquelles les personnes « n’osent » pas parler.
Donc cette équipe après avoir discerné fait des propositions qui se rapprochent fort de celles que fait l’ACI :
« Des lieux de paroles pourraient être proposés et pas seulement dans les cas de difficultés !
Des lieux où l’on peut parler y compris même si l’on a des expériences de foi différentes. C’est cela qui nourrit la communion et fait grandir le Peuple de Dieu
Des soirées débats dont certaines sur la vie de l’Eglise locale sont certainement à privilégier, car qui lit la revue diocésaine ? Qui va sur le site du diocèse ? »
III. AUTORITÉ ET PARTICIPATION cléricalisme place des laïcs dans l’Eglise.
« Nous cherchons notre place dans l’Eglise parfois dans la douleur, nous le portons dans la prière ».
La place des femmes reste un sujet touchy : présence des femmes dans les instances décisionnelles, diaconat, voire prêtrise.
« Il est indispensable de tendre vers l’égalité « femmes-hommes" et nous pouvons citer "Fratelli Tutti" N° 121 :
"... il est inacceptable qu'une personne ait moins de droits parce qu'elle est une femme."
Mais en même temps on refuse encore l’accès au chœur à des petites filles.
« La vocation sacerdotale est un don ou un mystère : refuser le diaconat ou la prêtrise à une femme serait nier toute vocation exprimée par une femme. »
Comment appeler les prêtres.
Cette question a été soulevée dans une seule contribution mais parait pertinente parce ce que nommer c’est positionner : Elle a déjà été évoquée en 2018 par Jean Pierre Rauche aumônier ACI/ACO du 94 dans une tribune dans la Croix intitulée « ne m’appelez plus jamais Père », et qui rappelait : « Ne vous faites pas appeler ´Maître ´car vous n’avez qu’un seul maître et vous êtes tous frères. N’appelez personne sur la terre votre ´Père ´car vous n’en avez qu’un seul, le Père céleste » (Mt 23, 8-9).
En conclusion :
Ce travail montre que les membres ACI ne se désintéressent en aucune manière des nécessaires réformes à impulser dans l’Eglise institution, que ce soit sur les questions de gouvernance, l’égalité homme- femme , l’usage d’ un langage simple et abordable pour rester à la portée de tous, l’accueil des divorcés remariés, des homosexuels , une rénovation de la liturgie des célébrations pour attirer les jeunes ….
Nous avons la chance d’appartenir à un mouvement d’Eglise dont la démarche a un caractère synodal nous pouvons nous situer comme force de proposition et ne pas rester seulement dans une attitude revendicative vis-à-vis d’une organisation pyramidale et patriarcale.
Si pour les transformations de l’institution il est nécessaire d’attendre au moins les résultats du Synode en octobre … Rien n’empêche d’engager dès à présent les actions qui ne dépendent que de nous : créer des lieux de parole, organiser des agoras, proposer des équipes ACI ou des groupes de partage de vie, et continuer notre mission d’apôtres du Christ.
Un voyage de mille lieues commence par un premier pas. Lao Tseu.
