Table ronde Accompagnement — Action catholique des milieux indépendants (ACI)

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Table ronde Accompagnement

Voici l'intervention de Bernard Michollet pour la table ronde Accompagnement

Table ronde sur l’accompagnement


 


Première partie : la bipolarité dans une équipe ACI

Grâce à ces interventions de la table ronde, nous reprenons conscience que l’accompagnateur ou l’accompagnatrice est le compagnon de route de l’équipe. Il désigne le Christ qui « compagnonne » avec l’humanité, qui l’écoute, établit un échange avec elle, converse avec elle en l’éclairant de sa présence. Cela me paraît être intéressant dans notre contexte culturel.

En effet, aujourd’hui, il y a un réel engouement pour ce qui est appelé « méditation ». Ce terme ne désigne pas ce que la tradition chrétienne nommait la méditation – la méditation des Écritures – qui est de l’ordre de l’appropriation lente par la lecture, la réflexion, la prière, d’un événement, d’une parole, d’un texte, etc. la méditation chrétienne inclut la prière parce qu’elle s’opère le cœur ouvert à Dieu qui vient à nous en nous touchant l’intelligence et l’affectivité, c’est-à-dire le cœur au sens biblique de sanctuaire de la personne. La « méditation » promue actuellement dans la société n’a d’ailleurs probablement pas non plus grand-chose à voir avec les traditions orientales dont elle s’inspire.

Quoi qu’il en soit, elle est une invitation à faire le vide, à nous désengager de toute relation spirituelle, en particulier à laisser de côté l’alliance qui fonde la relation de Dieu avec les hommes. Elle est conçue comme un recentrage sur le « soi » qui se déleste du « moi ». La personne qui pratique la méditation n’a à faire qu’à elle-même, en choisissant éventuellement un cadre naturel pour l’aider à développer les sentiments de déprise et d’harmonie – peut-être même de fusion – avec… avec on ne sait pas très bien quoi ; car normalement la personne doit être seule avec elle-même. Tenue pour ce qu’elle est, la méditation peut pourtant avoir sa pertinence pour aider à un meilleur équilibre personnel.

Mais le fait est aussi que ces pratiques de méditation influent sur des groupes spirituels qui disent qu’ils peuvent se laisser « inspirer », à travers l’inspiration de chacun de leurs membres. En soi, c’est vrai. Il est juste que l’Esprit Saint éclaire et inspire chaque membre d’un groupe, lorsqu’il a le cœur disposé à cela. Ces apports des membres d’une équipe manifestent une certaine altérité dans le groupe, ils sont signes du Christ qui éclaire. C’est l’expérience des équipes d’ACI dont chacun des membres est signe du Christ pour les autres.

Néanmoins, deux questions se posent au fonctionnement d’équipe sans accompagnateur. La première est que l’équipe, en se créant une culture commune, sans s’en rendre compte, favorise une routine spirituelle (même si la routine guette aussi les équipes accompagnées). Supposons qu’avertie de cela, l’équipe surmonte la difficulté, il reste qu’elle n’est pas fortement structurée par la polarité dialogique groupe-Christ qui se fonde sur la notion d’alliance rappelée tout à l’heure. Pour qu’il y ait alliance, il faut deux pôles : leur manifestation concrète aide à cela.

 

Deuxième partie : l’équipe ACI est apostolique

Tout ce que nous venons d’entendre est vrai pour tout accompagnateur ou accompagnatrice : qu’il soit laïc, religieux ou religieuse ou qu’il soit prêtre ou diacre. L’attitude à développer est la même dans tous les cas. Mais son statut dans l’Église colore d’une certaine façon sa mission d’accompagnateur. Il joue donc un rôle dans l’articulation de l’équipe avec l’ensemble du corps ecclésial.

S’il est prêtre ou diacre (avec quelques nuances entre les deux), l’accompagnateur est une personne dont le choix d’existence, sa réponse à l’appel de Dieu, est d’engager le corps entier de l’Église par sa vie et sa parole. Symboliquement, il renvoie donc au Christ, dont le Corps concret en ce monde est l’Église. D’où le poids de la parole qu’on lui attribue qu’on ne doit pourtant pas sacraliser. Son accompagnement d’une équipe visibilise que l’Église est engagée avec l’équipe et par l’équipe. Il souligne que l’engagement de l’équipe est celui de l’Église envoyée par le Christ, qu’il est apostolique.

S’il est laïc, l’accompagnateur au titre de son baptême renvoie aussi à l’Église et au Christ, mais il n’a pas la mission d’en porter le souci d’ensemble. Il en porte seulement le souci en tant qu’il a engagé sa vie en réponse à l’appel de Dieu selon des modalités particulières. Du coup, il devient important qu’il soit appelé et envoyé comme accompagnateur dans une équipe. Car cette mission n’est pas immédiatement intégrée à son choix d’existence à la différence d’un ministre ordonné. L’appel et l’envoi renforcent la symbolique de sa présence au nom de l’Église.

Lorsque l’accompagnateur est religieux ou religieuse, il renvoie à l’Église à travers son engagement dans une consécration à une manière particulière de vivre l’Évangile. Il ne renvoie pas d’emblée à l’ensemble du Corps-Église mais il y renvoie selon une modalité spécifique. Sa présence à l’équipe sera aussi colorée par cette modalité de vivre l’Évangile.

L’accompagnateur ainsi présent au nom de l’Église est signe du Christ qui entend, qui écoute, qui éclaire, qui donne son Esprit pour susciter la conversion, la transformation de la vie. Sa présence met en valeur l’envoi par le Christ de chaque membre de l’équipe dans le monde, c’est-à-dire le caractère apostolique de l’équipe. Le fait que l’accompagnateur ne soit pas à proprement dit membre de l’équipe ouvre à l’altérité de cette présence.

Il exprime, il manifeste que ce que nous échangeons en équipe – la relecture et la révision de vie, en rapport avec le partage des Écritures – ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd, ne tombe pas dans une oreille indifférente mais tombe dans l’oreille de Dieu, qui entend et écoute attentivement. L’accompagnateur ou l’accompagnatrice sont l’oreille de Dieu (nous avons parlé justement de l’importance primordiale de l’écoute).

À ce titre, il, ou elle, donne de la force aux mots. Il leur donne toute leur densité et aide à en dégager le poids de lumière qui n’est pas sans rapport avec la gloire de Dieu. Vous savez qu’en hébreu, la kabôd, la gloire, désigne à la base, ce qui est lourd, ce qui a du poids.

L’accompagnateur ou l’accompagnatrice aident l’équipe à prendre conscience du poids de sa vie, de la vie de ses membres et de ceux à qui ils sont liés d’une façon ou d’une autre, sur la balance de Dieu. Et ils explicitent le fait que l’équipe n’est pas pour elle-même mais a une vocation apostolique, c’est-à-dire le souci effectif, à travers ses membres, du service du Christ autour d’elle.

 

Pour enregister ce document en pdf, vous pouvez cliquer sur le lien suivant : Table ronde accompagnement